Démangeaison > Le vent dans les oreilles
14 juillet 2010

lapin blancLa bête est pourvue de grandes oreilles et d’une réputation sexuelle hyperactive. Si l’on excepte la variété qui terrifiait Wallace et Gromit – l’innommable Lapin Garou – et l’encore plus hypothétique ovipare printanier sensé remplacer aux yeux des enfants de mécréans, les cloches voyageuses chargés d’oeufs carigènes, le bestiau passe plutôt pour un doudou vivant, rongeur placide amateur de luzerne et de câbles de webcam, doux à la caresse bien que le modèle captif fouette un peu les naseaux sensibles.

Il en est néanmoins un qui tient un tel agenda qu’il doit même manquer de temps pour satisfaire sa viviparité ; c’est le lapin blanc, dénoncé par Lewis Caroll un soir d’intense fatigue.

C’est vrai qu’il est fatiguant, le rongeur chronophobe sous LSD qui stresserait un expresso serré. Et c’est justement parce que je vous ai laissé un peu trop tranquille, amis lecteur – et je m’en excuse – pour cause de lapinblancisation que mes pensées baguenaudent vers ces légions maudites d’hyperspeedés qui s’excitent la surrénale en se comprimant, qui dans des bétaillères suburbaines, qui dans des véhicules individuels également comprimés en de trop probables embouteillages dans l’espoir d’arriver à l’heure au boulot, à la sortie de l’école, à la poste, à l’épicerie, avant que ça ferme, que ça gueule, que ça pleure, que ça dégèle – parce qu’on avait oublié le sac pour les surgelés – qu’il y ait trop de monde à la caisse, au guichet, sur le parking, à la station essence.

Même le sympatique mais vulgaire léopiridé de la Warner, la carotte au bec, le verbe mou aux lèvres – “Quoi d’neuf doc’ ?”, quelle littérature – a la fausse désinvolture des traders cocaïnomanes en fin de journée et un sens de la vie biaisé par un Sam le pirate, un chef de service ou une idée de la réussite et leurs tromblons respectifs.

Il seront des milliers cet été, les oreilles au vent et la tête dans le guidon à tenter d’arriver à l’heure pour récupérer le clés, trouver une place sur le parking, dans le camping, sur la plage, l’aire de pique-nique, la terrasse du restaurant. A vouloir “faire” une visite, des courses, une sieste pas trop longue pour avoir le temps de continuer à courir.
Le plus compliqué, est finalement de se rendre compte qu’on se trompe d’urgence.

Et l’urgent ne serait-il pas de prendre du temps avec soi, avec ceux qu’on aime, regarder la mer, la montagne, la campagne, sans horaire, sans autre but que ne rien faire ?

En un mot comme en cent, lapin ; prend un kiss-cool.

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