Petit caillou > Glissade
11 février 2012

Rive du Saint Laurent à Verchères

C’est le temps des fers en l’air.

Un fer, c’est ce truc que l’on met sous les sabots des chevaux et aux extrémités de certaines semelles et dont l’adhérence sur glace est proche de zéro. Nos contrées Parisiennes sont peuplées de criminels qui nomment des incompétents à la gestion de l’anti-glaçage de surfaces sur lesquelles marchent, roulent et risquent de glisser des concitoyens peu habitués à ces conditions. Contrairement à nos amis d’en face, nous avons un courant chaud – nommé “Gulf Stream” – qui nous berce les côtes – c’est ce même courant chaud qui a décidé de s’arrêter dans un film de Roland Emmerich qui n’en finit plus de faire péter la planète – et rend notre climat vaguement plus supportable qu’à Québec ou Montréal alors que ces deux villes sont plus au sud que Paris.

Là-bas aussi, le piéton se met les quatre fer en l’air par temps de verglas, mais moins par temps de neige. Non que le piéton Montréalais ait un modus operandi officiel, mais plutôt, comme tout piéton, l’habitude nécessaire à sa propre survie additionnée de la discipline étonnante qui le conduit à ne pas se masser comme une bouse de Mammouth devant la porte d’entrée du bus et donc à rester en rang d’oignon sur le trottoir, par ordre d’arrivée. À Paris, ce n’est même pas la peine d’en rêver.
Le Parisien, s’il est généralement plus volontiers utilisateur de passage piéton que ses compatriotes provinciaux, reste un individualiste forcené. Il est ainsi le seul à glisser, ce qui le conduit à avoir une haute estime de l’adhérence des véhicules sous les roues desquels il déboule, casque sur les oreilles pour éviter de les entendre.

Or, quand ça glisse, ça glisse pour tout le monde. Rangez vos Louboutin ; la Parisienne est inadaptée à l’hiver. Cherchez des semelles plates, et si vous ne pouvez pas vous passer de talons, qu’ils soient reliés au reste de la chaussure. C’est moche, certes, mais une magnifique trace de neige et de sel sur votre manteau à l’emplacement du postérieur n’est pas beaucoup plus seyante. Et puis, vos belles semelles en cuir adhérant sur la neige comme un savon mouillé sur une toile cirée et bientôt brûlées par le sel vous en sauront gré.
C’est le moment de ressortir vos Moon Boots ou tout autre chaussure à la semelle molle. Ce qui est dur n’adhère pas. Demandez à Tefal.

Bien chaussé, on peut alors bien marcher, c’est à dire “à plat”, jambes fléchies et mains disponibles dans la position du caca dans les toilettes turques.

Ainsi le verglas nous ramène-t-il aux fondamentaux de l’humanité.

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