des Mots > La Grand-Mère
17 mars 2017

Je m’appelle Tara, et je suis un agent félin infiltré chez Mr. Caillou et son pré-ado hypersonique.

Aujourd’hui, je découvre un drôle d’humain.

Qu’est-ce que c’est que ce truc ?
Un humain, bien sûr. Il ne passe que des humains dans ce logement.

Les animaux, eux, passent de l’autre côté de la vitre. Je sais que c’est une vitre parce que je la rencontre régulièrement lorsque je chasse les mouche. Les mouches sont des animaux qui arrivent à traverser la vitre, mais je ne sais pas comment elles font. Ce serait bien si les chats pouvaient faire ça aussi. Je pourrai aller dire ma façon de penser à Auguste, cet espèce de matou mal élevé.

Donc, c’est un humain. Plus grand que l’enfant, plus petit que l’adulte. C’est un humain intermédiaire. Une humaine, peut être, si j’en juge par le ton de sa voix. Plus aigüe et plus douce que celle de l’humain – surtout quand il dit “NON”, mais pas le même aigu que celle de l’enfant.

C’est donc une humaine intermédiaire. Une qui parle fort. Ça fait peur, une humaine intermédiaire qui parle fort, mais il faut quand même que j’aille voir ça. C’est ma mission, de surveiller ce qui entre et sort de ce logement. Mais avant, il faut que je sorte de ce placard. Déjà, si j’arrive à m’extirper de derrière la pile de linge sans la faire tomber, ce sera pas mal.
Allez, je tente. Je me redresse. Je fais le dos rond pour m’étirer un peu, et j’avance d’une patte légère et discrète.
Zut, la pile de linge. Elle penche. Elle tombe. Elle tombe même très bas. J’espère que les humains n’ont pas entendu.

Deux bonds et quelques pattes de velours plus tard, me voilà arrivée à l’entrée de la grande pièce.
Je vois l’humaine. L’enfant est assis à côté, sur le canapé sur lequel on n’a pas le droit de faire ses griffes. Comme d’habitude, il bouge. Il se frotte sur elle, si je comprend bien.
Elle parle à l’humain. Elle a un drôle de truc sur la tête. Je vais devoir sortir un peu plus de derrière le meuble pour voir. Si je fais ça, je risque d’être vue par l’enfant, et donc d’être attrapée dans ses petits bras inconfortables. Vue la distance, ça vaut le coup de prendre le risque.

Bon, je vois mieux. Ça ressemble un peu à un légume son truc, mais j’ai fini par comprendre : ce sont ses poils de tête. Ils sont blancs. On ne m’avait pas encore fait ce coup là ! Son visage aussi est inhabituel. Il y a plein de marques, de traits, dans la peau, et ça fait un étonnant contraste avec la lumière dans ses yeux.

Oh, nom d’un homme ; elle m’a vue. Deux secondes, je me planque.

Je disais donc qu’elle avait des yeux doux, souriants. Il n’y a pas que sa peau qui diffère des autres humaines que je connais. Elle se tient aussi différemment. Elle est précautionneuse lorsqu’elle s’assied, un peu comme un chat pose sa patte pour s’assurer que la branche supporte son poids.

Elle n’a pas l’air rapide, ni de se plier aussi facilement que l’enfant. Elle fait un peu moins peur, du coup. Je me demande si elle crie aussi fort que l’humain ? Vous n’avez pas idée du bruit qu’il fait, cet homme-là !
Tiens, quand on parle du loup, le voilà qui met son manteau.
L’enfant est encore en retard. J’ai remarqué qu’il est très rare qu’un enfant ait fini de mettre son manteau, avant son père. Et ce dernier attend.

Ah non, il n’attend pas. Il ne va pas partir comme ça, non ?
Ah l’espèce d’humain, il me laisse avec l’humaine intermédiaire et l’enfant.

Vite, une armoire avec une pile de linge non écroulée.

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