Démangeaison > Chaud et froid
6 mars 2010

chaud et FroidMes spematozoïdes sont au taquet. Pour ceux qui l’ignorent, ces bestioles monoflagellées s’épanouissent à la froidure, se répliquent, se multiplient à l’infini pourvu que le générateur n’ait pas trop chaud. Autant dire qu’avec les températures racornisseuses de glaouis qui nous attaquent ces jours-ci, les bibittes à bébé sont en pleine forme. A l’instar de nos truffes humides, de nos estomacs attaqués de grastro débordante, ils se bousculent au portillon de la gonade, le crâne hydrodynamique, le flagelle sur le starting block. On se les pèle, mais les aiment ça ; au boulot les enfants ; le patron se réchauffe sous la couette. 3, 2, 1… go.
Oups… stop. Sphère privée.

Ici, point de marmotte clairvoyante pour nous annoncer la durée de l’hiver, mais une insistance dans la fraîcheur et l’humidité frette qui ne laissent entrevoir que de lointains espoirs printaniers. Comme le dirait Josette, l’acariâtre caissière du Monop’, Josette au badge penchant à gauche, au corsage tombant en avant et aux rêves en arrière. Josette la penchée, Josette à l’air déçu de n’avoir jamais su, jamais pu ou jamais voulu prendre en charge un bataillon de spermatozaïdes gamétophiles survitaminés par la froidure, par l’hiver gris, par l’hiver morne comme ses yeux de cyprinidé échoué. Comme dirait Josette la poétesse météophage des petits tracas quotidiens, sans que l’on sache vraiment si elle parle de son temps de travail où du temps qu’il fait ;. « Oui, hein, c’est long. Ça fera 15,74 ». Elle conclue toujours au futur, comme s’il lui appartenait, comme si elle y croyait. Elle ne dit jamais “merci” non plus. Josette est une femme concise.
Si le frais accroît la fébrilité spermatique, on peut raisonnablement s’interroger sur l’infécondité manifeste de certains pays aux hivers rigoureux. Si l’on excepte les facteurs psychosociaux qui me fatiguent rien que d’écrire le mot qui les désigne, il est raisonnable de mettre en avant la complexité à faire choir sur le plancher des nos désirs inassouvis l’ensemble d’un vêtement hivernal qui, à l’instar d’un Shrek, ou de n’importe quel oignon métaphorique, est composé de couches superposées qu’il s’agit alors non plus d’effeuiller – opération peu compatible avec la fébrilité – mais bien de démolir, action de nature à doucher l’ardeur des gamètes mâles sus-évoqués, voir à les faire surchauffer sous la pression, quitte à obtenir l’effet inverse de celui recherché. Arrivés épuisés à destination, ils se feront inévitablement envoyer sur les roses par leur moitié qui les aura trouvé bien longs…
Autre hypothèse ; l’inappétence pour la vie familiale pourrait également être en cause. C’est d’ailleurs à ce titre que j’ai un peu sursauté récemment en lisant la quatrième de couverture du dernier livre d’Elisabeth Badinter, que je ne lirai probablement pas.

P1000091.JPGTout comme elle, je tiens pour une évidence que l’attirance dite atavique des petites filles pour les poupées et les cuisines et celle des petits garçons pour les voitures et les ballons sont des différences apprises, résultats de générations de différenciation sexuée volontaire, voir imposée. Je n’avais pourtant jamais entendu quelqu’un oser mettre sur un pied d’égalité, la prédisposition à la vaisselle, l’inapétence pour le tiercé et… l’instinct maternel. Il me semble tout aussi dangereux d’adopter trop hâtivement les thèses naturalistes de prédestination sexuée que de les brocarder tout aussi hâtivement en niant ce qui nous reste d’instinct et de réflexes primaires associés aux propriétés de notre physique, du moins tant que l’on ne m’aura pas prouvé que les filles protègent naturellement leur entrejambe à l’arrivée d’un ballon rasant.

Le féminisme extrémiste primaire (j’ignore si l’auteur suscitée est à ranger dans cette catégorie, ce qui me permet de rester calme) a pour danger principal de dénoncer une situation sous prétexte – souvent justifié – de sexisme et d’en provoquer la disparition par dégoût au lieu d’en proposer le partage et l’échange entre les partenaires. En un mot, de faire acte de suppression, sans créer en retour. Une des théories intéressantes que Mireille Guiliano, auteur de “Ces Françaises qui ne grossissent pas” (lire cet éclairage) est que les féministes américaines ont réussi à sortir les femmes de la cuisine – déjà culturellement peu associée au plaisir – sans jamais y faire entrer les hommes. Ne cuisinant plus parce que c’est mal, sexiste et que ça fait grossir, les familles se tournent vers les nourritures préparées, puis fast-food, et donc la malbouffe. La culture Française associant volontiers la nourriture au plaisir et à la convivialité fait entrer plus facilement les hommes dans les cuisines (même si je me plais à prétendre le contraire) et nous étanchéifie partiellement contre l’obésité et la dérive anti-ménagère des cinglées d’outre-atlantique. Je suis fier de Simone Veil, de celles qui font évoluer les droits, pas de celles qui rejettent les devoirs au lieu de les partager avec pour conséquence de créer du vide nécessairement inadéquatement comblé.

On en revient à cette constante qui se distille à peu près malgré moi dans ce blog, mais c’est sans doute parce que ça me ressemble ; il faut vivre en harmonie avec son univers et s’approprier les choses pour bien les changer. Rejeter sans comprendre ne provoque qu’un vide austère, non créatif, gris et policé comme les murs d’affiches électorales dans une dictature.

Exception à cette règle, mais c’est déjà une autre histoire ; lorsque la froidure affole une matrice à gamètes monocéphales aux performances natatoires qui feraient pâlir Alain Bernard, le vide, pourrait être sacrément créatif pourvu que les vases communiquent.

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