6 avril 2010

Le Baiser (au jardin des Tuileries)
Le Baiser au jardin des Tuileries.
Paris cache parfois ses trésors. Il faut entrer dans le jardin des tuileries par la petite porte, du côté de l’orangerie pour tomber sur une statue d’une puissance rare. Le baiser de Rodin trône là, comme si ces amoureux aux corps tendus de désir mais figés dans l’abandon avaient voulu se dissimuler à la foule et se laisser apprécier des seuls flâneurs de chemins détournés.

De la Concorde au Louvre, le jardin des Tuileries abrite une variété de statues de nature à interpeller n’importe quel novice en matière de sculpture, mais ce jour là, Le Baiser m’a mis en face du trou culturel resté béant dans ma culture statuaire entre Michel Ange et Fernando Botero.

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Les Bourgeois de Calais (détail).
Rodin est pourtant de ces monuments statufiés de leur vivant – il en a par ailleurs statufié quelques autres – qui marque le paysage artistique Français. De ces artistes dont on peut dire qu’il y a eu un “avant” et un “après”.
De Camille Claudel (le film) à Lucky Luke (avec un sculpteur qui sculpte plus vite que son ombre qui serait une caricature de Rodin, du moins sur le fond car la ressemblance avec Depardieu n’est pas évidente !) le personnage marque la mémoire collective, séduit, intrigue, et demande donc à être connu. C’est pourquoi je me suis retrouvé aux portes du musée Rodin de Paris par une belle journée ensoleillé et si vous me permettez un conseil, évitez de le parcourir un jour de pluie.

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Vue du parc
Le musée est en effet doté d’un parc saupoudré de bronzes et il serait plutôt dommage de devoir se tremper pour admirer Bourgeois de Calais, Porte de l’enfer – qui pour monumentale qu’elle soit, ne m’a pas particulièrement impressionné – Emile Zola et l’inévitable Penseur.

Les marbres du parc sont relégués derrière une vitre sur laquelle tapait un soleil dont je n’avais jusqu’ici pas eu à me plaindre. Je fais partie de ces personnes qui s’extasient difficilement devant un miroir, même en sortant de chez le coiffeur, et cette galerie m’a laissé comme un regret. Néanmoins, la ballade dans le jardin est agréable. Il était fleuri, il faisait bon, et les œuvres placées de ça, de là, rythment la visite sans sans jamais donner l’impression d’un parcours guidé. On peut tourner autour, en profiter et les vertes frondaisons fournissaient un arrière plan fort flatteur aux bronzes, tout comme un abri rêvé à la flânerie.

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Entré à l’intérieur, on découvre un enchevêtrement invraissemblable. Le bâtiment n’est pas prévu pour faire un musée, et cela se voit. Entre l’espace restreint qui gène la navigation devant ou autour des œuvres (malgré quelques miroirs aidant à la vision d’ensemble), des vitrages attrapant les reflets du parc, la mise en valeur n’est pas évidente.
Surtout, l’œuvre de Rodin est pléthorique et monumentale et sa technique passionnante. Son art, était moderne, en avance sur son temps, comme le montre cet extraordinaire statue de Emile Zola, véritable monument de simplicité. Choquant pour un Rodin qui se faisait passer pour un réaliste. Mais s’il savait modeler fin des personnages criants de vérité, il taillait large et se jouait des proportions : grandes mains pour grandes douleur, grands pieds pour les enracinés. Cette statue de Zola n’est que l’aboutissement d’une vie à déformer pour rendre plus réel.

Au milieu du travail monumental du sculpteur, un petit espace est réservé à Camille Claudel : malgré l’espace restreint, on entre là dans une havre de douceur qui apaise quelque peu.

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Le billet n’est pas cher ; laissez-vous tenter, ne serai-ce que pour flâner dans le parc qui ne devrait pas tarder à prendre de splendides allures printanières. Dans ce petit coin de calme Victor Hugo pense pour l’éternité, un canard cancane, des étudiantes étudient, des blogueurs flânent.
En sortant, si vous n’avez pas eu votre ration de statues, vous n’avez qu’à marcher un peu ; cette ville en est pleine.

Informations

Musée Rodin
79, rue de Varenne
75007 Paris
Le musée rodin

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