Je suis allé l’autre jour reprendre des nouvelles de Chloé Lemaçon.
Lorsque je dis “prendre des nouvelles”, c’est surtout aller voir si le blog du Voyage de Tanit avait repris vie. Normalement, Chloé ignore jusqu’à mon existence, le seul commentaire que j’ai posté sur ce blog ne s’étant jamais affiché !
Chloé Lemaçon est cette jeune femme qui, avec son mari Florent et leur petit garçon, Colin, se sont embarqués à bord de Tanit pour vivre autrement, fuir la société de consommation et profiter de la vie en travaillant pour le nécessaire. En baba-responsables, comme d’autres voileux. Il faut dire que la pratique de la voile s’accommode assez mal d’irresponsabilité.
Malgré la phrase “non à la guerre” inscrite sur le génois, Tanit a été attaquée par des pirates Somaliens. La libération de l’équipage par des commandos Français s’est soldée par la mort de Florent Lemaçon, le 10 avril 2009. L’information a bondi d’un Journal du Dimanche pour me sauter à la gorge. C’était un dimanche, dans le quartier Montparnasse, et je ne faisais que passer devant un kiosque. Je ne m’attendais pas à ressentir un tel choc.
Chloé Lemaçon, c’est le courage de ses opinions et un rêve abattu en plein vol. Et cela suffit pour faire d’elle une icône. Le rêve n’est probablement par mort. Juste mal en point. Gageons que l’acharnement médiatique d’une forme de journaleux attirés par l’odeur du sang et des larmes, la pression des mal pensants qui se contentent de ces informations pour se forger une opinion et la pression d’avoir été victime d’une situation médiatisée n’a pas du arranger sa volonté de prendre ses distances avec notre modèle de société.
Ces derniers temps, Chloé s’est insurgée à deux reprises, tout d’abord contre un journaliste d’Europe 1 dont la description de l’assaut de la Tanit comprenait de nombreuses lacunes. Par ailleurs, s’il avait eu vent des vraies informations, il n’aurait pas pu les divulguer, le dossier étant encore en cours d’instruction… Je ne sais pas et espère que ce n’est pas une pratique courante de déformer volontairement les faits pour ne pas risquer de tomber sous le coup de la loi sur le secret de l’instruction… Voilà qui jetterait encore un peu de boue sur une corporation qui n’en a pas vraiment besoin.
Afin d’aggraver le cas de ladite corporation, un commentaire posté par Chloé Lemaçon sur le blog d’Europe 1 a été rejeté pour cause d’agressivité.
Je n’ai pas lu l’article de ce monsieur Didier François et Chloé a toutes les raisons du monde d’être agressive. Mais le problème, en l’espèce, est qu’elle l’est. Le modérateur n’a pas usurpé son droit à censure et n’est probablement pas journaliste. S’il l’était, il n’aurait certainement pas raté l’occasion d’un droit de réponse exclusif !
Comme si ce n’était pas suffisant cette lettre ouverte à Bernard Kouchner qui aborde de façon très intéressante et complète les lacunes d’un projet de prise en charge par les personnes victimes de piraterie, d’une partie des frais inhérents à leur libération, est également agressive par le ton.
L’icône se lézarde. On aime que la veuve et l’orphelin marchent la tête courbée.
Chloé a toutes les raisons d’être en colère, frustrée et fatiguée. Tous ces sentiments jouent sur notre capacité à aborder la vie sereinement, mais pour qu’un message passe, il ne faut pas qu’il agresse ses destinataires.
Ce sont souvent les personnes les plus aptes à comprendre, connaître ou ressentir qui sont les plus inaptes à faire passer un message et restent, finalement et malheureusement enfermées dehors, là d’où la voix ne porte pas, alors qu’une bonne respiration, quelques mots bien choisis partent droit au but qu’ils peuvent atteindre avec une grande violence.
Puisse-t-elle trouver la paix qui lui permettra, d’une plume ferme et douce, de botter quelques culs.
L’icône deviendrait Légende et le monde y gagnerait.
Un peu.