Ce qui devait arriver, arriva. À force d’ouvrir mon smartphone comme un chirurgien alcoolique qui casse le truc à côté de celui qu’il répare, j’ai fini par lui ôter la vie sans espoir de retour. Snif. Merci de respecter une minute de silence.
Bon, d’accord, disons une seconde.
Afin de gérer l’urgence sans grever mon budget – parce que c’est cher pour ce que c’est ces trucs là – j’ai tenté de retrouver, puis de réactiver quelques vieux téléphones. Sauf qu’un vieux téléphone simlocké, ça sert pas à grand chose (surtout quand on ne sait plus quel opérateur l’a simlocké, hein). J’ai bien heureusement pu compter sur la générosité publique qui a toujours un vieux bouzin qu’elle n’a pas osé jeter – encore que retrouver le chargeur est une autre paire de manche. Je me suis donc retrouvé avec un téléphonosaure de prêt. Et pas n’importe lequel ; le Nokia 3510. Autant dire la catastrophe intersidérale.
Écran noir et blanc aux pixels gros comme une tique, SMS à taper avec les touches des chiffres horriblement dures à enfoncer, pas de mails, pas de GPS, pas de Twitter, moi qui allais changer d’opérateur pour pouvoir tweeter dans le métro. Et, surtout, loose ultime, même pas d’appareil photo. Pour vous donner une idée de la catastrophe, la date par défaut est le 1er janvier 2002. De là à dire que ce téléphone a une douzaine d’années, il n’y a qu’un pas parkinsonien que je franchis sans trembler. Comme si ce n’était pas suffisant, il n’y a même pas de jeu Snake !
Commençons par les bonnes nouvelles : mon smartphone ne servait pas à stocker de fichiers uniques. Tout est centralisé dans un cloud ou ordinateur quelconque : contacts, mails et agenda chez Google, musique sur ordinateur et autres services comme Evernote… Je vous invite à réfléchir à la redondance de vos données, hein, on ne sait jamais, d’ici à ce que vous soyez aussi maladroit que moi.
La mauvaise nouvelle, c’est que rien de tout ça ne peut être synchronisé avec un téléphone de cet âge canonique. Heureusement, c’était mon anniversaire, ce qui m’a permis d’enregistrer facilement les gens qui m’ont appelé ou texté pour me le souhaiter.
Ensuite, est venue la période de désintoxication.
– Ne plus prendre le téléphone à chaque fois qu’on croit le sentir vibrer. Non, tu n’as pas reçu de mail et personne n’a aimé ta publication Facebook sur un Nokia 3510. C’est juste le téléphone de ton voisin qui a bippé, connard !
– Ne plus se précipiter sur son téléphone quand «faut que je le note». Prends ton stylo et ton Moleskine. Et si le stylo marche pas, t’as un cerveau, non ? Non ? Ah, bah tant pis pour toi.
– Penser à noter le code de la porte de l’endroit où tu vas avant de partir. Ben oui, les gens ont pas toujours leur portable sur eux quand ils sont chez eux. Encore qu’avec un smartphone, c’est plus probable.
– Retrouver mon plan de Paris. J’en ai même un de Bordeaux. Oui, je me perds à Bordeaux, depuis le temps que j’en suis parti.
Et puis, vint la relativisation :
– Ne plus être assailli de messages tout le temps. Après tout, quel mail est assez urgent pour ne pas pouvoir attendre d’être lu ?
– Avoir dans les mains un objet de taille raisonnable et peu fragile dont on n’est pas obligé de cacher le design avec une coque moche.
– J’ai la chance d’avoir accès à mes mails et à Twitter au travail, quand je fais une pause. Pas à facebook que j’utilise donc moins. Je ne fonce plus sur un «j’aime», un commentaire ou un RT comme si ma vie en dépendait, et, bizarrement, ma vie n’en dépend pas.
– Autrefois, je notais le code sur un bout de papier et le papier ne tombait jamais en panne de batterie. Ça marche toujours ; c’est dingue.
– Le seul truc qui m’embête, c’est que je perds en réactivité à Clash of Clans et là, je ne sais pas si je vais survivre. Vous en pensez quoi ?
– J’ai aussi découvert un truc rigolo ; un plan en papier s’en fiche que tu sois dans une zone sans connexion. Et il s’affiche tout de suite.
– Enfin, à chaque fois que le téléphone sonne (hyper fort) avec sa sonnerie «Nokia tune», je perds 10 ans (que je reprends ensuite, mais je vais peut-être trouver le moyen de résoudre ce problème)
Au final, ne plus avoir de smartphone me détend.
C’est vrai que la musique me manque, que le bluetooth était bien pratique pour l’intercom de la moto et le mode modem pour l’iPad et mon ordi.
Mais ces fonctions ne nécessitent pas un smartphone. Je les avais déjà dans le téléphone qui a précédé mon premier iPhone. Un Nokia, d’ailleurs, tiens donc.
Cette prise de conscience opérée, accepterai-je d’aliéner à nouveau une partie de ma qualité de vie pour me reconnecter à l’instantanéité de l’internet ?
Je ne sais pas encore ; je prends mon temps pour y penser. L’agenda fera peut-être pencher la balance quand j’en aurai marre de rater mes rendez-vous.
Parce que je ne suis pas juste maladroit. J’ai aussi une mémoire de poisson rouge.
J’ai bien ri
Billet sympa qui montre bien que l’on peut toujours relativiser sur tout, surtout lorsqu’il s’agit de technologie que l’on pense indispensable et vitale. Perso, je suis réfractaire au portable en général, j’ai un pauvre Samsung avec un clapet qui se soulève (il ressemble vaguement au Tricorder de Star Trek) : pas de photos, pas d’internet, rien… juste le téléphone. Ceci dit, j’adore les jouets technologiques (j’ai un appareil auditif connecté, de dernière génération. Il me manque juste le smartphone en binôme, mais l’iPad fait bien l’affaire aussi) et je sais que je me mettrais un jour au smartphone ; j’espère avant que mes enfants soient majeurs (encore 10 ans pour me décider, j’ai de la marge)…
Toujours est-il qu’avoir un de ces téléphones dernier-cri du siècle passé ou du tout début du nôtre, permet de mieux prendre le temps des chose en se concentrant davantage sur ce qui est essentiel. Alex
Merci pour ce commentaire. En effet, cela permet de relativiser et donc aussi, le cas échéant, de revenir à l’hyper-connexion en connaissance de cause.
Bonsoir
Oh les vieux téléphones qui ne font que téléphoner ont leur bon cotés… il n’y a pas besoin de les recharger tous les jours. 🙂
Et puis on vit très bien sans portable. Enfin pour ma part, je m’en passe très bien. J’aime bien attendre d’être rentrée pour ouvrir mes mails… un peu comme des cadeaux 🙂
Bon sevrage technologique.
Bonne soirée
C’est vrai que j’apprécie la batterie (et pourtant elle a vieilli) mais les SMS sur 12 touches me tapent vraiment sur le système. Allons, tout ça n’aura qu’un temps, mais je ne me reconnecterai certainement pas comme avant.
Alors, nouveau smartphone or not ?
Pour ma part, j’ai dû déposer mon smartphone en réparation : le magasin m’a gentiment proposé un vieux et petit et moche téléphone en dépannage (les miens étaient aussi bloqués par on ne sait plus quel opérateur). Je me suis alors sentie si libre, qu’en récupérant mon Smartphone (et en rendant le petit vieux moche), je suis immédiatement allée acheter un autre petit téléphone, neuf et pas moche. Il ne fait pas non plus de photos : je réutilise mon appareil photo, j’ai acheté une carte routière, et je ressorts mon Smartphone quand j’ai envie ou besoin du GPS.
Il faut dire que j’avais un rapport assez fort avec mon Smartphone : j’y consultais mes mails et facebook en permanence, y compris…. au volant, au secours !!!!!!!! Ca s’appelle une addiction, dont je me suis sevrée sans trop de difficultés, mais qui aurait pu empirer, et qui me plaçait dans un état de tension permanent. C’est en déposant mon Smartphone en réparation que j’en ai pris conscience.
Je suis très contente d’utiliser à présent un petit téléphone, qui ne sert qu’à ça, qui entre facilement dans mes poches et dont je ne crains plus le vol (2ème effet kisscool !). Je me suis fait voler un Smartphone au travail, sur mon bureau. Je suis contente de pouvoir déposer mon téléphone actuel sans crainte…
Hé oui, nouveau smartphone depuis pile une semaine aujourd’hui. En fait, on m’a prêté un Androïdus-Enervantus que j’ai supporté quelques temps et je re-goute aux joies et à l’addiction d’un smartphone récent. Je me demande si j’ai pas fait une c…
🙂
Voir ton commentaire précédent (15 mai 2014 : ce n’est pas si vieux…)
Et aussi, il faut dire que j’ai récemment acquis une tablette, ce qui n’est pas très bon pour mon sevrage (mais que je ne consulte pas au volant !!).
J’ai cet accessoire aussi : très utile pour limiter le manque. Sans ça, la camisole était inévitable !