Les Français font partie de ce beau Barnum qu’est la France, pays qui s’esbaudit sur la non moins bordélique “scène internationale”. Voilà une association magique qui évoque le théâtre burlesque ou le cirque sous les projecteurs duquel, au son des zim-boum-boum journalistiques, s’activent acrobates et voltigeurs, technocrates discrets et une légion de clowns politiques amusant la galerie à coup de grosses ficelles et de fausse gaucherie. Passent ici et là, des fauves aux dents longues que cherchent à attendrir des roquets aux dents pointues. Au milieu, quelques bestioles indignées font plus de bruit que d’effet. Et monsieur Loyal… Ah non, le mot “loyal” n’existe pas à cet endroit.
La partie théâtrale est assurée par les plus grands acteurs qui y mènent une comédie dramatique improvisée criante de vérité à défaut de sincérité.
L’Héritier (ère) Ce mot a plusieurs usages, mais je m’arrêterai uniquement sur ceux qui sont destinés à hériter.
Seuls les orphelins n’héritent pas. Cela fait un nombre vénérable de personnes pouvant prétendre à ce titre. Le terme ne vaut ici que lorsqu’il s’agit d’héritier à venir, dont la légitimité fait parfois défaut. Il est à noter que moins on en parle, plus l’héritier semble légitime. A contrario, associé avec le qualificatif de médiatique, il ne sert alors qu’à mettre diplomatiquement l’accent sur la vacuité de la personne concernée. Cela est bien entendu réservé aux héritiers de fortunes confortables sur l’éducation desquels je ne me prononcerai pas bien que cela me démange.
Selon le Général de Gaulle, les Français sont une entité collective de la famille du bovin.
La majorité des Français est plutôt en accord alors qu’une minorité est en désaccord bien qu’une part significative ne se prononce pas. Ça marche même dans l’autre sens, ce qui prouve bien l’inconstance des masses. Par ailleurs, les Français ont le droit de savoir, mais manifestement pas celui de savoir ce qu’ils ont le droit de savoir. On ne doit pas mentir aux Français, mais on peut ne pas leur dire la vérité.
“Les Français” sont une entité douée d’expression collective et de conscience politique par les instituts de sondages qui sont au monde politique ce que les météorologues sont au monde réel : les seuls capables de faire prévoir un parapluie un jour de soleil. Les Français sont en règle général un échantillon représentatif dépassant rarement 1001 personnes, sauf les 12 et 13 juillet 1998.
C’est d’ailleurs pourquoi le présentateur du journal de 20 heures, n’ayant pas été sondé lui-même, dit “Les Français”, au lieu de “Nous”, même s’il est Français.
Être qualifié de médiatique est un qualificatif à double tranchant. On dit “Le très médiatique untel…”, comme dans “la très médiatique Paris Hilton” (c’est un exemple au hasard), est quelqu’un dont on parle beaucoup ; chaque action est décortiquée par les médias, relayée par le buzz et fait même parfois vaguement scandale comme la fois ou elle a porté une robe déjà portée l’année précédente.
Être médiatique, c’est être intronisé dans la sphère “people” (Il semble qu’on ne dise plus “Jet Set”. Me trompe-je ?), être là, sympathique, adulé, beau… Et inutile.
Parce qu’être qualifié de “très médiatique” c’est aussi la difficulté à être qualifié autrement. C’est finalement être exempt de métier identifiable (encore que j’aie entendu qualifier Paris Hilton de “starlette”… Je ne sais pas si c’en est un), de cause, de passion. C’est finalement être du vent, un vide entre deux oreilles, entre deux verres ou entre deux fesses. Un pet pailleté.
Il arrive qu’en ouvrant un placard, un squelette en tombe. Il ne s’agit pas là d’une “macabre découverte” ou d’un accident dans une classe de sciences naturelles, mais d’une expression imagée indiquant que le propriétaire du placard avait un secret (je n’ose pas imaginer la penderie de DSK), sur le même principe que la pièce fermée à clé du château de Barbe bleue.
L’événement fait évidemment le buzz dès qu’il s’agit d’une personne médiatique, mais dès qu’il choque, cela fait scandale.
Par exemple, si Paris Hilton était surprise avec du sucre en poudre illégal sur les narines, ce serait du buzz parce que l’on serait dans le domaine d’un évènement de portée mondiale qui resterait intellectuellement acceptable par la planète entière.
Si Paris Hilton souhaitait ériger un mausolée à l’abbé Pierre, cela ferait polémique car cet évènement de portée nationale serait du domaine de l’intellectuellement acceptable pour certains et de l’inaceptable pour d’autres.
Si Paris Hilton embrassait Martine Aubry à pleine bouche, cet évènement de portée locale ferait scandale car intellectuellement inacceptable pour la majorité des témoins (et très drôle pour les autres, ce qui augmenterait l’ire des scandalisés)
Le scandale est défini par un évènement dissonant provoquant l’indignation, c’est à dire la découverte d’une situation contraire à l’ordre ou l’éthique globalement acceptée. De nos jours, le scandale ne nécessite cependant plus que de l’indignation pour être ainsi qualifié, ce qui permet au scandale de l’un d’être la normalité de l’autre et lui fait flirter avec la polémique, voir avec la surprise amusée.
Une macabre découverte, c’est un cadavre que personne n’avait trouvé. Elle renvoie à la surprise mais n’évoque pas le haut le coeur qui peut s’y associer, contrairement au mot “cadavre”, beaucoup plus explicite, que les journalistes hésitent volontiers à employer. Faire “une macabre découverte” équivaut donc plutôt à découvrir un “corps sans vie”. La découverte macabre effectuée, on ne peut plus parler de “découverte”. L’état cadavérique subsistant, on l’appelle donc “le corps”, lequel peut parfois être “en décomposition” pour être plus précis, ou pour faire dresser les poils des jambes de Madame Michu. Lesquels sont drus.
Lorsque la médecine légale se dessaisit du corps, il devient plus volontiers “dépouille” (ou “dépouille mortelle”), terme qui renvoie au respect porté aux morts et à ses obsèques. On utilisera “le défunt” pour évoquer la vie passée du trépassé.
Le mot lui même est un anglicisme moche comme le sont souvent les mots de jeunes qui le restent lorsqu’ils deviennent des mots de vieux. Il désigne une rumeur bruyante. Le buzz est à la rumeur ce que le vrombissement d’un hélicoptère est à celui d’un moustique standard. C’est à dire qu’il n’a pas besoin de venir jusqu’à notre oreille pour nous les briser.
Contrairement à ce que trop de gens commencent à croire, le buzz n’est pas de l’information. La traduction de ce mot est “bourdonnement”. Faire le buzz est donc une activité de tête à claque.
Le buzz fait plus de bruit que la rumeur qui bruisse, ce qui satisfait les journaleux et marketeux en manque d’audibilité.
Les choses tristes, comme la mort, ne font pas le buzz. Les circonstances des choses tristes, par contre, le font. Ce n’est pas Amy Winehouse qui dira le contraire.
Le Français est un râleur. Demandez à Obélix. Si l’Europe était un pays, la France serait dans l’opposition ne serait-ce que par principe, voir par essence. Une sorte de Bloc Québécois Européen en plus teigneux. Le Français serait donc l’incarnation même de l’esprit polémique et ce n’est pas notre histoire littéraire qui me contredirait.
D’ailleurs, tout est sujet à polémique, jusqu’au choix du sapin de Noël pour une école publique (trop religieux) ou de pas de sapin de Noël (pas assez festif).
La polémique, telle qu’elle est désormais décrite, supporte trois états :
– L’état de débat : le débat est une pré-polémique. C’est un moment ou l’on discute entre personnes consentantes et souvent bien habillées de sujets sur lesquels on est considéré comme capables d’émettre une opinion autorisée. Lorsque le débat débouche sur un désaccord et que l’on commence à en parler à la télé, il y a polémique.
– L’état primitif ; le sujet “fait polémique”, ce qui signifie qu’une entité plus ou moins habilitée à donner son opinion n’est pas d’accord ou a froissé une autre entité plus ou moins habilitée à avoir une opinion inverse, et qu’on en parle dans les chaumière (si le débat n’entre pas dans les chaumières, il n’y a pas polémique. La polémique fait le buzz par définition, mais le buzz peut être une polémique où tout le monde est d’accord)
– L’état pandémique ; on dit alors que “la polémique enfle”, ce qui signifie qu’elle s’attaque à tous et fait passer la pointe d’agacement poli des tenant du sapin de Noël en bataille Dreyfusarde à coup de plein de trucs qui font mal (les mots sont aussi des trucs qui font mal, mais la claque en pleine figure n’est pas exclue).
Et c’est d’ailleurs là la véritable définition de la polémique qui désigne une critique, vive et agressive, d’un adversaire. Sa raçine (grecque) renvoie à la rhétorique guerrière (polemikos : disposé à la guerre). Tant que personne ne crie fort ou ne blesse quelqu’un, on reste dans le domaine de la controverse, mot un peu trop oublié dont l’utilisation dénonce le journaliste cultivé. Le débat devient controverse qui devient polémique.
Le polémiste est celui qui s’empare d’un débat ou d’une controverse pour en faire une polémique. C’est donc une personne qui aime distribuer et plus encore, recevoir, des baffes.
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