Petit caillou > Les ultras sont toujours là
10 septembre 2012

Ce samedi, j’ai été attiré par un grondement, une clameur forte, plurielle et masculine qui tenait de l’incantation primitive ou du haka. Je m’y dirige, m’attendant à un défilé quelconque, une banda ou un groupe de supporteurs étrangers à la ville, joyeux et un peu perdus.

Photo: Cédric Charbonnel

Ceux que j’ai rencontré n’étaient ni joyeux, ni perdus malgré l’incongruité apparente du lieu. À l’arrière d’une banderole indiquant que “les ultras sont toujours là”, une petite centaine de personnes dont au moins une fille réclamait “liberté” pour les ultras.

Ces ultras sont des supporteurs du club de football du Paris-Saint-Germain (PSG). Organisés en groupes sonorisant et animant les virages du stade, ils comptent aussi parmi eux des éléments violents, racistes, jamais à cours d’une bagarre jusqu’à provoquer la mort de l’un d’eux. Si le
sujet vous intéresse, je vous recommande cet article du monde qui évite assez bien l’écueil du manichéisme. Quand à la manifestation du jour, elle visait à demander au club, à ses dirigeants et surtout aux investisseurs Quataris de leur rendre leurs abonnements pour, je cite “supporter [leur] équipe dans [leurs] virages du Parc des Princes”(1)

La quasi totalité du groupe qui sonorisait une rue en bordure d’une zone de chantier, bien loin du stade, avait revêtu le désormais célèbre masque de Guy Fawkes. Des curieux, dont j’étais, les regardaient. C’était samedi, il faisait beau, tout le monde était détendu. Certains manifestants portaient des capuches, foulards, ou même des casques. Poing levé (le gauche, tout de même), voix forte (mais peu compréhensible), le groupe s’est mis en route, compact, il a laissé échapper des odeurs d’alcool. C’est là que j’ai arrêté de trouver ça sympathique.

J’ai retenu mon gamin par le tee-shirt et je les ai regardé partir. Ils ont sonorisé le quartier un moment. De gros pétards ont éclaté, probablement devant le siège du journal “l’Equipe”, puis le calme est revenu.

L’incohérence entre le discours qui tente de montrer qu’il n’y a pas moins de violence dans le stade depuis qu’ils n’y sont plus, et l’image d’un groupe bruyant, alcoolisé, poing levé, au visage dissimulé par un symbole anarchiste m’a sauté aux yeux. Provocation, acte manqué latent, ou simple maladresse ?

Même si je penche, dans ce cas, pour la dernière solution, cela ne fait pas oublier que la différence entre un groupe civilisé et une meute sauvage n’est parfois qu’une question de contexte.


(1) Merci au manifestant qui a pris contact avec moi suite à la publication de la photo et m’a apporté cette précision.

 

6 thoughts on “Les ultras sont toujours là”

  1. Ton article est tout bonnement scandaleux ! Tu parles d’une cause et d’un mouvement que tu connais pas, tu multiplie les amalgames comme la plupart des pseudos journalistes s’intéressant à nous. Nous nous sommes rendus devant les locaux de “Beinsport” et de “L’équipe” dans un esprit totalement pacifique, avec l’idée d’exprimer nos revendications et à cause de gens comme toi la population va encore prendre peur des “méchants et dangereux supporters du PSG”.
    Quant au moment où tu nous qualifies de racistes tu aurait dû, au lieu de rester fixé sur nos masques, t’intéresser aux personnes présentes et tu y aurait vu des gens de toutes les ethnies et de toutes les communautés présentes en France unis pour la même cause.
    Je t’invite à te renseigner sur le passé des tribunes Auteuil et Boulogne du Parc des Princes ainsi que sur le “plan leproux” avant de pouvoir nous juger. Jette donc un coup d’oeil au documentaire “PARC”…Ignorant !
    PS : Le message inscrit sur la banderole n’était pas “Les ultras sont toujours là” mais “Liberté pour les ultras”.

    300 Hooligans connus pour 13 000 abonnés déchus, je te laisse méditer là dessus…

  2. Bonsoir,

    Je te remercie d’avoir réagi (je reprends le tutoiement puisque tu me le proposes), mais au risque de te surprendre, je suis plutôt d’accord avec toi.
    Lorsque je dis ” ils comptent aussi parmi eux”, cela ne signifie pas du tout que vous êtes tous racistes et violents, mais que certains d’entre vous le sont : les fameux 300 dont tu parles.

    J’ai volontairement omis de parler du plan Leproux parce que l’article du Monde auquel je fait référence le fait déjà très bien et que ce n’était pas l’objet de mon article, mais je suis tout à fait d’accord pour dire que, pour ce que j’en ai compris, son mode de fonctionnement est scandaleux du point de vue éthique. La lutte contre le hooliganisme est une chose importante, mais la stigmatisation de tous les abonnés des virages est inadmissible. A ce titre, porter le masque de Guy Fawkes pour lutter est logique, mais les gens ne le savent pas. Et les gens, j’en fais partie avec toute l’incompréhension et les amalgames dont les gens sont faits.
    L’objet de mon article est de montrer comment on peut maladroitement faire perdurer une image négative à cause du phénomène de groupe : un groupe est assimilé à ses éléments les plus voyants. Si vous avez un héros, vous serez tous des héros et si vous avez un meurtrier, vous serez tous des meurtriers.

    Votre manifestation était débonnaire, bruyante, assez sympa. Mais il a suffit qu’en passant, je sente une odeur d’alcool pour changer l’image que j’en avais. J’ai vécu très près du Parc des Princes. Je mesurais l’impact du match au nombre et à la tenue des flics postés devant ma porte mais j’ai aussi vu des familles aller au stade. J’ai vu des groupes normaux, enjoués, et j’ai vu des groupes faire n’importe quoi parce qu’ils avaient forcé sur l’alcool J’ai une vision extérieure, mais c’est aussi celle des millions de Français qui ne sont pas supporteurs du PSG. Votre combat est légitime, mais pour le remporter, il faudra casser votre image d’agressivité et ton post n’est pas spécialement mesuré, même si je comprend votre agacement mieux que tu ne le crois.

    Enfin, mais c’est parce que j’aime bien chipoter, il me semble qu’il y avait une banderole verticale qui disait que les ultras sont toujours là (ou quelque chose de ce genre) tout à fait en tête du cortège au moment ou vous avez commencé à tourner à l’angle de la rue E. Zola.

  3. Je viens juste compléter et je te rejoins sur un seul de tes points. ( je poursuis le tutoiement si cela ne vous dérange pas)

    Quand tu dis que tu voyais des familles aller au match et cela est vrai. Depuis mes 5 ans (jusqu’en 2010) je me suis abonné en latéral et je suis donc passé pendant 11 ans devant le Virage Auteuil sans aucun problème. Alors la stigmatisation des <> il faut arrêter.

    Quand tu énonce le fait que tu as vite tiré ton enfant à la moindre odeur d’alcool, alors ne le fait pas sortir dans la rue … et pour l’anecdote un groupe d’enfants aux alentours des 10 ans a passé toute l’action à nos cotés et ca que je sache ils ont strictement rien eu.

    Juste pour en finir avec les médias, vous cherchez toujours à détruire nos actions ou autre en cherchant le moindre faut pas. Aucun article (hormis un tweet et quelques blogs) sur nous alors que nous avons fait l’action au pied du quotidien <> mais si cela avait mal tourné avec la police là nous aurions eu une marrée d’articles nous enfonçant plus bas que terre comme a leurs habitudes.
    Quand notre combat est juste et pacifique, soit la presse se taie soit elle cherche la moindre petite bête (comme toi avec 2 pétards éclatés). Comment on peut se débarrasser d’une image négative si elle est en permanence maintenue pour faire vendre ?? … à méditer comme dirait anonymous qui ne l’est pas tant que ca 😉

  4. Ton commentaire me rassure et tu aurais du mentionner cette vision dans ton article. Quant à la banderole verticale dont tu parles il y était inscrit “On est et on sera toujours là ! Ultras Paris”.
    Concernant “l’effet de groupe” qui peut effrayer la population il faut arrêter avec cela, comme l’a rappeler “Paname Young Résistance” de jeunes enfants ont passés l’action à nous regarder, nous écouter sans aucun danger. Aucun débordement n’a eu lieu, au grand désespoir de la presse je pense, puisqu’une action pacifique ne fait pas vendre de journaux.

    Sur ce, je t’invite à t’intéresser au mouvement “Ultras” (à ne surtout pas confondre avec le “Hooliganisme”) de plus près par le biais de livre, de reportages etc.. afin que tu comprenne mieux notre combat.

  5. @Paname Young Résistance
    Je suis un peu vexé d’être assimilé à la presse, tout comme vous êtes vexés d’être assimilés aux hooligans. Je n’informe personne et ne vends rien ici ; il n’y a même pas de pub et je suis assez peu habitué à avoir autant de passage sur ce blog 🙂
    Je suis également vexé de m’être si mal fait comprendre.
    Je n’ai pas dit que vous étiez dangereux ; j’ai juste dit que vous en laissiez l’impression (Je n’ai pas vu les enfants ; cela aurait peut être changé ma perception). Je trouve ça dommage et c’est justement parce que c’est à méditer que j’ai écrit cet article après avoir tenté de comprendre votre combat que, je le répète, je trouve légitime.

  6. @AnonymousPaname
    Nos derniers commentaires se sont croisés. Je crois que l’on s’est compris.
    Je te rejoins sur le sensationnalisme de la presse : si tu as le courage de parcourir ce blog, tu verras que les journalistes en prennent plus souvent pour leur grades que les supporteurs 😀
    Dommage, j’aurai bien aimé que l’Equipe m’achète la photo :-/

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