L’adage qui a toujours raison prétend que ce qui ne nous tue pas, nous rend plus fort. Cette affirmation que n’aurait pas reniée Louis Pasteur me laisse toutefois un peu perplexe sorti de la sphère microbiologique.
Ne pas m’être fracassé la tête sur un coin de trottoir au moment même ou j’apprenais que lâcher le guidon et rouler dans un trou n’étaient pas compatibles, ne m’a pas rendu plus fort. L’évènement m’a rendu (un peu) plus prudent, (à peine) plus réfléchi, a sensiblement contribué à ma compréhension de l’équilibre et a confirmé ce que je savais de la capacité de pénétration du gravier dans la paume d’une main. Bref, il a élargi mon intelligence, ma compétence en roulage sans les mains et en gravillologie, mais n’a nullement contribué à ma force, ne serait-ce que mentale.
Alors pourquoi cela ne m’a-t-il pas tué ?
Peut-être parce que j’ai eu de la chance, ce qui ne m’a pas nécessairement paru très évident quand je me suis relevé les genoux en sang et les mains en oursins organico-minéraux.
Peut-être aussi parce que j’en savais déjà un peu sur l’équilibre.
Et beaucoup sur les chutes à vélo.
Peut-être surtout, parce que l’adage a fondamentalement tort.
Comme le disait Obi-Wan – j’aime citer les grands philosophes – « Ce que tu as appris peut te sauver ». (Pasteur ne l’aurait pas reniée non plus, celle-là)
Et l’a fait.
Et le fait à chaque fois que quelque chose ne nous tue pas.
Ce qui ne nous tue pas prouve simplement que l’on y était préparé, même si on l’ignore, même si on n’est pas spécifiquement préparé à rouler dans un trou alors qu’on a lâché le guidon.
Chaque nouvelle compétence ou expérience,
Chaque répétition d’une compétence qui la rend un peu plus automatique,
Chaque chute, chaque échec,
Chaque information que nous arrivons à faire entrer dans la tête de nos enfants,
Chaque petite victoire éducative,
Chaque répétition,
Nous prépare,
Les prépare.
Alors ? Prêts ?