Démangeaison > Les dents de l’amer
6 septembre 2011

Le loup dont je parlais l’autre jour n’a pas la classe lorsqu’il est trempé. Pour tout dire, il aurait vite des allures de chien mouillé, ce qui, avec l’odeur qui l’accompagne n’est pas franchement sexy. Afin de lui trouver un pendant moins sensible à l’humidité, la Compagnie des Méchants qui Viennent d’Ailleurs (CMVA) a désigné le requin comme super méchant aquatique du 20ème siècle.

Rappelons tout d’abord qu’avant que l’être humain ne vienne dépenser son salaire de l’année en mettant du sable sur ses gaufres pendant les congés payés, les prédécesseurs le plus connus du requin étaient le super calmar – également appellé “pieuvre géante” – le même qui attaqua le Nautilus. Mais ni Nemo, ni même Achab, n’avait vraiment de grief contre les requins qui ont gagnés leurs galons de prédateurs aquatiques en commençant à mordiller les baigneurs, ce qui n’a pu se faire qu’à partir du moment ou il y a eu des baigneurs. CQFD.

L'attaque du Nautilus
L’attaque du Nautilus

Grâce aux sanglants reportages de Steven Spielberg ou l’on apprend que les requins blancs géants en carton peuvent s’électrocuter ou exploser, le vulgum pecus a enfin quelque chose de proche à redouter ; il est toujours bon d’avoir un petit frisson en mettant l’orteil dans l’eau ne serai-ce que pour se souvenir que si l’eau était le milieu naturel de l’homme, il aurait des branchies.

La Compagnie des Méchants qui Viennent d’Ailleurs a toutefois bien du mal à désigner un successeur au requin pour le 21ème siècle depuis que celui-ci est devenu une espèce en voie de disparition(1) à protéger. En effet, l’animal a fait la preuve non seulement de sa fragilité, mais aussi de son importance dans la régulation de son environnement, lequel environnement est le principal régulateur du notre.
Aussi, afin de prolonger leur bail, la CMVA a-t-elle délégué un ou deux voyous pour aller goûter les mollets de touristes aux Seychelles en ayant la délicatesse historique de goûter au Français d’abord, puis à un Anglais. La réaction ne s’est pas faite attendre et elle laisse un goût amer.

Requin tigre
Requin tigre

Tout d’abord, une chasse au requin, une battue. Devrai-je dire un pogrom ? Malgré le fait que l’espèce responsable des attaques soit connue (le requin tigre), quarante requins assez peu tigres et globalement bien classés dans les espèces menacées ont été trucidés sans que l’on s’en émeuve. Tirez d’abord, posez des questions ensuite. Vous, je ne sais pas, mais moi je trouve à cette réaction des relents gestapiste. Ça pue.

A présent que la poudre a parlé et que les innocents ont payé, voici les questions : Comment justifier l’acharnement contre une espèce qui tue moins que l’éléphant (et je ne parle pas de la voiture qui n’est certes pas une espèce protégée) ? Qu’est-ce qui a amené les requins à chercher de la nourriture à cet endroit habituellement épargné par ce genre de problèmes ? Ce requin avait faim ; qu’est devenue sa nourriture habituelle ? Déplacée par le réchauffement de l’océan, décimée par la surpèche ou un peu des deux ?
Malgré sa tendance à avaler des vieux pneus, le requin tigre ne mange pas pour le plaisir. Il n’a d’ailleurs pas mangé : il a juste goûté. En mordant. La victime anglaise est décédée par manque de soin immédiats et efficaces suite à l’attaque : l’anse Lazio est loin de tout, y compris des secours. On n’y trouve même pas une boutique pouvant vendre un citron pour agrémenter un carpacio de bonite. Mais c’est une autre histoire.
A présent, il est prévu de poser des filets anti-requins. Certes, Anse Lazio s’y prète, mais on n’y verra plus de bateau y mouiller ; la mer y sera réservée aux terriens. On n’y verra peut être plus non plus de personnes y appâtant les poissons comme cela arrive parfois. Le requin, d’ailleurs, est un poisson. On l’aurait presque oublié.

Quand à sa présence en des eaux paradisiaques où ceux qui sont en voyage de noce croisent ceux qui viennent s’y marier, notons que l’océan va s’adapter aux bouleversements en cours, même s’il est possible que nous n’aimions pas la façon dont il va le faire ! (Susan Avery)(2)

Est-il vraiment intelligent d’exterminer les requins et, de ce fait, d’accélérer ce processus d’adaptation ?


(1) Certains requins, dont le requin tigre, attendent encore d’entrer sur la liste des espèces en voie d’extinction.
(2) Physicienne spécialiste des sciences de l’athmosphère, Présidente et directrice de l’Institut océanographique Woods Hole. Interview Sciences et Avenir n°775, septembre 2011

4 thoughts on “Les dents de l’amer”

  1. Toujours les mêmes qui trinques… L’humains oublie que c’est à lui de s’adapter à la terre qui l’accueil et non le contraire… Que chaque être doit pouvoir vivre en harmonie si on respecte des bases assez simple finalement. Chaque chose a une utilité, l’oublier, c’est mettre en péril notre existence 😡

    Finalement, tout est résumé dans cette citation :
    « Lorsque l’homme aura coupé le dernier arbre, pollué la dernière goutte d’eau, tué le dernier animal et pêché le dernier poisson, alors il se rendra compte que l’argent n’est pas comestible. » (proverbe indien)

    http://a405.idata.over-blog.com/600×429/1/60/68/37/Record-des-animaux/requinBlanc.jpg

  2. Lu !
    Peut être bien pour la manie, qui sait ? xD
    On a beau nous dire de réduire la surpopulation, l’envie d’enfant est souvent trop grande et vient tellement des tripes que … 😉
    Mais, je pense que, si on apprenais à ne plus polluer mais à vivre en harmonies avec la nature, nous pourrions largement faire des enfants sans angoisse … mais bon, ce n’est que douce rêveries 🙁

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