Déjà trois semaines. Trois trop longues semaines depuis que je suis tombé sur cette publicité montrant un père Noël se chauffant auprès d’une cheminée. La première fois, je n’y ai pas trop pris garde. C’était peut-être il y a quatre semaines, finalement.
Puis j’ai vu un autre père Noël.
Puis, j’ai revu celui des cheminées..
Puis, Ti-cul a chantonné “Jingle bells”
Puis Disney a dégainée ses peluches.
Puis les scouts ont sorti leurs calendriers.
Puis, j’ai craqué.
EN SEPTEMBRE, c’est la rentrée. Les feuilles commencent à tomber, les maisons sentent le crayon taillé et le cartable neuf. Il y a un reste de plastique transparent caché derrière un pied de la table et des miettes de papier blanc à grand carreaux tombées d’un cahier neuf sur le tapis.
On reprend les bonnes habitudes : les trajets pour les activités qui donnent un peu d’air au quotidien parental en même temps qu’aux enfants une ouverture sur d’autres mondes. On se crée de nouvelles habitudes à cause de la réforme des rythmes scolaires et on remplit l’agenda.
En septembre, on n’a pas envie de parler d’hiver : on est en automne depuis août, et le moindre redoux nous fait espérer une arrière saison de rêve, ou du moins pas trop froide, et surtout pas trop humide.
Alors lâchez nous les baskets, lapins blancs névrosés qui promouvez la fin de l’année à peine passés les deux-tiers comme des ayathollas-incas-vaudous qui voient la fin du monde derrière chaque Nostradamus. Achetez-vous une calculette, ou retournez à l’école, mais envolez-vous, corbeaux à foulards bariolés qui nous mettez sous le nez des calendriers imprimés de l’année prochaine. Pensez-vous franchement que 2015 ait envie de se lever quatre mois avant la date fatidique ? C’est comme si vous me demandiez d’émerger des oreillers à 5 heures du mat’ pour partir à 9. Vous avez de la chance que 2015 soit de meilleure composition que moi, sans quoi, dans un grognement long comme un mois sans soleil, elle vous assènerait une mandale divine, bandes de malades.
Quant au Père Noël, fichez lui la paix au Papy Moujeot du Pôle Nord. Il est vieux, sénile, en surpoid. Il n’a plus aucune crédibilité, distribue les cadeaux à tout va, aux enfants pas sages, aux pré-adultes-post-ados-encore-boutonneux, aux barbus, et même aux athées. Il n’est plus étanche, pépère Noël, l’esclavagiste planqué dans un paradis fiscal introuvable où on se pèle les extrémités. Il n’a plus le gaz à tous les égages, le vieux créateur manipulé par la World Compagny qui l’envoie faire de la pub pour des cheminées histoire de le rentabiliser un peu parce que je soupçonne qu’il coûte son poids en pinard, le rougeaud. Et on n’attrape pas les légendes centenaires avec du Sidi Brahim. Laissez reposer, Santa ; il fait trop chaud pour le manteau de poils : il ne faudrait pas qu’il nous fasse une attaque avant Noël.
Bref, en ces temps de rentrée, fichez la paix à la fin de l’année. Laissez nous profiter de l’automne, ses feuilles craquantes et volantes, ses enfants en short aux jambes bleuies par la fraîcheur matinale, ses arbres aux mille couleurs et ses dernières bières en terrasse.
Merci.
Crédits images : Penny Parker, Wanders, Scouts de France
Ouf le père Noël n’est pas encore arrivé dans notre contrée reculée… ce qui n’a pas empêché Grande Crevette de chanter “Vive le vent” au printemps ou Petite Crevette d’entonner approximativement les notes de “L’as tu vu… ? L’as tu vu… ? Ce petit bonhomme, ce petit bonhomme…” en plein mois d’août.
“Laissons le temps au temps…” (ce sera la phrase pourrie de la journée)
Ah, la World Compagny Papa Noëlistique serait-elle élitiste et éviterait-elle la campagne ? Chanceuse.