Aujourd’hui, les fleurs sentent souvent bon et arborent de bien jolies couleurs. Mais sais-tu que cela n’a pas toujours été le cas ?
Vois-tu, être beau et coloré est dangereux dans la nature ; ce qui attire l’œil suscite l’envie et quand on peut être mangé par la première chèvre venue, il est plus prudent de se cacher un peu.
Il y a pourtant des endroits où les chèvres ne vont pas et c’est là que vivait une petite fleur bavarde qui s’ennuyait dans sa clairière entourée de grands arbres. Le soleil venait souvent l’éclairer et réchauffer ses pétales, mais elle aurait bien aimé parler à quelqu’un d’autre que les herbes autour d’elles, parler à des gens qui ont voyagé, vu des choses qu’elle ne connaissait pas. De loin, elle voyait les abeilles et les papillons qui passaient très haut, sans jamais lui accorder le moindre regard.
Pour attirer les abeilles, elle pensa d’abord à se faire remarquer par son parfum, et comme elle avait entendu dire que les abeilles aimaient le sucre, elle sortit son plus beau tablier et se mit en cuisine. Pendant plusieurs jours, elle essaya plusieurs recettes de nectar sucré. Un petit peu plus de ceci, un peu moins de cela… Cela attira les fournis à qui elle faisait goûter ses essais. C’était tellement drôle de voir leurs têtes quand le goût ne leur convenait pas. La petite fleur passa ainsi de très bons moment et finit par trouver un goût bien sucré avec une forte odeur qui allait certainement attirer tous les insectes de la création.
Elle enleva son tablier, se démêla les pétales pour être présentable, et ouvrit grand sa corolle au soleil. Elle attendit. Elle attendit encore, mais les abeilles continuaient à vrombir au loin.
Ces stupides insectes n’auraient-ils pas l’odorat assez fin, demanda-t-elle aux fourmis ?
Un grillon qui se mêla de la conversation lui conseilla de faire du bruit comme lui. La petite fleur ne voyait pas comment faire. Une coccinelle, intéressée par la discussion, vint lui porter l’inspiration avec ses ailes rouges et brillantes. C’était ça : il fallait que la fleur se fasse visible.
Elle demanda au grillon de lui porter une goutte d’eau qui lui servirait de miroir, et elle trempa un pinceau de maquillage sur les ailes de la coccinelle. Cela fit un point noir qui plût beaucoup à la petite bête à bon dieu.
Patiemment, elle colora ses pétales de rouge, pensant qu’elle se ferait mieux remarquer ainsi. Elle travailla longuement à se rendre attirante, s’autorisant même de charmants motifs ici ou là.
Lorsqu’elle eut fini, elle attendit que le soleil vienne réchauffer ses pétales. Et là, la magie opéra. Une abeille repéra le petit point rouge dans la clairière et s’arrêta. Puis, elle sentit le parfum qui émanait de la petite fleur. Elle s’approcha. Toute émoustillée, la fleur s’ouvrit encore aux rayons du soleil, et l’abeille se posa. Gouta le nectar et l’aima, puis repartit en promettant de revenir.
La petite fleur ne se sentit plus de joie : plusieurs abeilles vinrent dans la clairière. Mais la petite fleur avait à peine le temps de poser une question que les vaillantes butineuses changeaient de fleur et repartaient. “Vous comprenez, on est là pour travailler, nous” lui répondirent-elles lorsqu’elle s’en étonnait.
La petite fleur se désolait de ne pas pouvoir être amie avec les abeilles, mais elle se consola en bavardant avec un papillon qui les avait suivi. Perché sur elle, il raconta les arbres, les herbes des champs et même les maisons des hommes devant la petit fleur enchantée et les fourmis médusées.
Puis, il se passa quelque chose d’étrange dans la clairière : de nombreuses petites fleurs toutes pareilles à elle se mirent à pousser. C’est le grillon qui lui expliqua que les abeilles ne sont peut être pas des amies très sympathiques, mais que c’est grâce à elles que les fleurs font des bébés fleur en portant le pollen de l’une à l’autre.
Alors, la petite fleur devient la maman de toute une famille de petites fleurs. Elle eut des enfant avec qui jouer quand le vent bruisse, des fourmis avec qui parler quand les papillons passent, des grillons pour partager une blague et les coccinelles qui font des chatouilles.
Et même si les abeilles n’étaient pas de bonnes copines, elle les accueillait toujours avec plaisir car c’était grâce à elles, qu’elle avait une si belle vie.
Bonsoir
Magnifique histoire. Vous nous offrez encore une belle histoire.
Merci
Bé
Merci pour votre commentaire Bé. D’autres sont encore à venir 🙂
Chouette. 🙂
Merci de partager vos belles idées.
Bonsoir