Culture > Littérature > [Livre] Les demoiselles de Provence
19 octobre 2009

J’aime l’Histoire, mais j’aime encore plus les histoires qui la font. L’avantage du roman historique est qu’il raconte les histoires de l’Histoire. L’inconvénient, c’est qu’on a du mal à démêler le vrai du faux.

Patrick de Carolis s’essaie au genre et choisit un sujet d’un intérêt redoutable pour brosser une fresque romanesque et historique du XIII ème siècle. Quel est le point commun entre le roi Louis IX Capet, roi de France, Henry III Plantagenêt, roi d’Angleterre, Richard Plantagenêt, son frère, comte de Cornouailles qui sera nommé roi des Romains et Charles Ier d’Anjou qui deviendra roi de Sicile, puis de Naples ?
Il y a bien évidemment leur destin qui façonna durablement l’Europe, mais il y a aussi… leurs beaux parents : Raimon Beranger IV, comte de Provence, par ailleurs apparenté à la maison d’Aragon et son épouse Béatrice de Savoie.

Ce livre d’une densité soutenue nous présente l’Histoire avec un grand H à l’aune des histoires des quatre filles du comte de Provence dont les destins, s’ils ne sont pas nécessairement enviables, les placent à la confluence des intérêts politiques de leur temps.

Patrick de Carolis nous fait suivre ces quatre belles enfants, de leurs jeux à leur dernier souffle, et avec elles l’air de leur époque, celle du moyen âge, de ses chansons de gestes et de sa misère, de l’amour courtois et de la violence, de ses sorcières, ses bâtards, ses écuyers amoureux et ses jeunes filles rêveuses. Nous sommes invités dans un monde d’hommes ou les femmes peuvent parfois partager le pouvoir dont elles sont la monnaie d’échange (quand on n’a pas Blanche de Castille pour belle-mère, c’est plus facile), mais pas décider de leur mariage. Se rappelle-t-on que la reine de France a eu 11 enfants et est allée en terre sainte ? Que les trônes, qu’ils soient d’Angleterre ou de comtés, se conservent, se perdent et se récupèrent les armes à la main ? Alors Patrick de Carolis raconte les enfants devenues femmes, les quatre caractères différents de ces soeurs aux vies contrastées. Il donne les faits, les dates, parfois avec une abondance qui peut amener à la limite de l’asphyxie.

Il écrit bien, mais ne donne ni légèreté ni truculence à son récit qui mériterait d’être aéré par un peu de batifolage quitte à faire le double de pages. Ce choix a néanmoins le mérite d’éviter l’ennui, mais le livre reste demandeur d’attention. Lu dans les transports en commun où j’ai traditionnellement du mal à me concentrer, j’ai été content d’avoir à ce moment là de longs trajets avec une seule correspondance, ce qui m’a permis d’éviter de perdre le fil du récit.

Il faut bien trouver des points positifs aux longs trajets, non ?

Il reste néanmoins une belle histoire, et, pour l’Histoire, un biais très habile pour aborder la complexité de cette époque, à lire à la plage ou quand on a du temps.

Repères

Les demoiselles de Provence de Patrick de Carolis
Roman historique
Plon – 2005

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