Le parasite est un “organisme animal ou végétal qui se nourrit strictement aux dépends d’un organisme hôte d’une espèce différente, de façon permanente ou pendant une phase de son cycle vital” (Larousse) et ce parfois, jusqu’à épuisement de l’organisme hôte.
Laissez-moi vous raconter l’histoire de l’un d’entre eux, apparu sous sa forme actuelle il y a environ 60 000 ans. Omnivore, notre parasite a tout d’abord trouvé dans l’organisme hôte de la nourriture à foison, ce qui a permis une fécondité importante compte tenu des contraintes ; la femelle donne généralement naissance à un ou deux petits à l’issue d’une gestation, relativement longue, de trois trimestres. Cette spécificité a conduit l’espèce à une certaine grégarité en se constituant en troupeaux dans le but de faciliter la protection des petits. Malgré une certaine lenteur démographique dans un premier temps, l’abondance des ressources et une certaine ingéniosité dans la protection de l’espèce ont conduit à une surpopulation chez certains de ces groupes.
Peu désireux de réguler la croissance de leur population, les troupeaux concernés à présent organisés en groupes structurés, ont cherché à étendre leurs ressources en gagnant de l’espace sur l’organisme hôte, éventuellement au détriment de congénères pré-implantés dans l’espace visé. Cette lutte permit une certaine forme de régulation du nombre d’individus, non par la limitation des naissances, mais par l’élimination des parasites les plus faibles.
Parallèlement, certains groupes développaient des techniques visant à augmenter le rendement de chaque parcelle d’organisme hôte. D’autre, plus faibles, mettaient au point des mécanismes de défense visant à limiter la vulnérabilité de leur population conjointement à des mécanismes sociaux visant à l’accroître. Cette tension démographique a rapidement conduit à l’indisponibilité de nouvelles zones de ressources et donc à l’intensification des conflits pour leur exploitation alors même que certaines d’entre elles commençaient à être confrontées à l’épuisement de leurs ressources.
L’hôte, en effet, ne parvient pas à se renouveler aussi vite qu’il est ponctionné d’autant que le parasite ne ralentit pas sa croissance et que son évolution accroît ses besoins incluant celui des ressources jusque là jugées inutiles.
Entraîné par sa propre croissance, le parasite commence alors à épuiser l’organisme hôte d’autant que la surface consacrée à la seule présence du parasite a un impact négatif sur celui consacré aux ressources alimentaires ainsi que sur la qualité de celles-ci : le parasite pollue en effet son environnement avec les déchets de sa ponction (excréments, particules non exploitées etc…)
Contrairement à d’autres parasites, celui-ci est encore dans l’impossibilité de coloniser un autre hôte pour compenser la défaillance de l’actuel. Notre bestiole continue pourtant à se développer aveuglément, prêtant une attention distraite mais polie aux premiers signes de nécrose de l’hôte allant jusqu’à développer des mécanismes sociaux visant à pallier la baisse de fécondité qui pourrait la sauver.
En l’absence d’hôte de rechange, le parasite mourra avec lui s’il continue à croître et à faire croître ses besoins.
Et pourtant… Pourtant, je voudrais un autre enfant.