Il adore jouer avec les poussettes pour poupées. Il adore aussi s’occuper des poupées, même s’il lui arrive de les tenir par les cheveux.
Mon fils n’est pas homosexuel, du moins pas encore ; il n’est pas sexuel du tout si vous voulez tout savoir. À l’époque des faits, il avait deux ou trois ans – mais je vais continuer d’écrire cet article au présent – et le contenu des petites culottes des filles ne le passionnait pas comme aujourd’hui.
Il fait comme fait tout enfant normalement constitué, et plus particulièrement comme tout garçon normalement constitué ; il imite Papa. Or Papa pousse la poussette. Papa change sa couche. Papa prépare le repas. Papa passe l’aspirateur. Alors il pousse la poussette, gronde les nounours et veut un aspirateur.
Donc Papa cherche une poussette pour son fils. Mais Papa n’est pas comme sa miniature ; Papa a des stéréotypes qui lui collent à la peau ; Papa ne veut pas acheter une poussette rose pour son garçon. Papa veut bien lui acheter des chemises roses ; il en a lui-même, mais le rose sur une poussette, ça provoque chez Papa des effets plus communément ressentis au quatrième litre de bière ; envie de vomir, agressivité dirigée contre des objets inanimés et incapacité à se faire comprendre de la gent féminine.
Alors Papa cherche une poussette pas rose. Une poussette miniature pas rose, ce n’est pas simple.
Papa est donc allé vomir chez Toy’s r us. Parce que chez Toy’s r us, il y a un rayon fille et que le rayon fille est tellement rose que Papa y a eu des hallucinations. Il a cru être passé par un pont Einstein-Rosen et atterri dans un monde parallèle ou le féminisme n’aurait pas existé. Après avoir respiré un bon bol de Playmobil au rayon bleu, Papa est passé dans un petit magasin de jouet ou une mignonne poussette en bois a insulté son pouvoir d’achat. Papa est donc retourné vomir, mais chez Joué Club, puis à la Grande Récré. Papa s’est même dit que tous les magasins d’une même chaîne n’avait pas forcément le même approvisionnement, alors il a insisté. Il est vrai que certains magasins n’avaient pas de poussettes. Ou des poussettes roses. Ou pas de poussettes. Ou des poussettes roses. Enfin, vous avez compris.
Papa a poursuivi ses investigations, envisageant d’autres idées de cadeau. Mais même les aspirateurs sont roses (pour certains ; il en existe tout de même des rouges). J’attends pourtant encore l’étude scientifique qui établira que les petites filles sont naturellement encline à préférer la couleur rose dont on les étouffe dès leur premiers instants.
C’est enfin, dans un improbable magasin – une “Grande Récré”, je crois – croisée complètement par hasard que papa a shooté dans un carton relégué au bout d’un rayon ou même les fer à repasser sont roses. Et le miracle est apparu ; des poussettes bleues.
Les petits coeurs roses qui les constellaient étaient assez petits pour passer pour des pois. Papa a vu la fin de sa quête.
À présent, ce sont plutôt ces petits sexismes ordinaires qui font vomir Papa. J’en discutais l’autre jour avec une Maman qui trouvait ce que je disais “tout à fait incroyable”, me rassurant en prônant que “de nos jours, ça s’est beaucoup arrangé”. Puis sa fille est arrivée toute de rose vêtue, avec un cartable “Hello Kitty”.
C’est bizarre, ce goût dans ma bouche !
Je vis les mêmes aventures que toi : poupée,corde à sauter,dinette …le parcours du combattant pour trouver cela autrement qu’en rose…Et à chaque fois un vrai coup de gueule …
Quand je vois qu’à l’école les filles jouent aux voitures et les garçons à la dinette je me dis qu’ils compensent un manque de la maison…
Bref Y’a du boulot;-)
A mon avis ce que tu prends pour du sexisme de la part des fabricants, c’est plutôt la loi du marché basique : les poussettes roses se vendent mieux que les bleues… pourtant dans la vraie vie les vraies poussettes roses ça court pas les rues !
et tiens je te laisse faut que j’aille trouver une poupée pour mon fils , il en rêve ! 😉
@Stef : Parfois je me dis que malgré le manque de choix apparent en vêtements de garçon, j’ai de la chance par rapport au manque de variété de couleur chez les filles ! Il y a en effet du boulot. Je bosse, tu vois 🙂
@Seb : Je ne dis pas du tout le contraire. Les fabricants proposent plusieurs couleurs qui ne se retrouvent pas sur les étals et c’est pourquoi Papa a persisté dans sa quête. Quel que soit le responsable, cela crée un enracinement du préjugé sexué assez peu conforme avec l’évolution de la place du père qui se révèle capable de s’occuper de ses enfants et du repassage (quoique sans talent pour ma part), mais aussi avec la capacité qu’ont les filles de se servir d’un marteau. Cela marche donc dans les deux sens, mais c’est plus visuel en rose.
La parité, c’est bien, mais tant que les tâches et habiletés seront sexuées, cela restera du ressort d’une loi d’exception et non de normalité. Et c’est ça qui me pose problème.
😀 J’ai bien ri !!
Un soir (puis d’autres) en arrivant à la crèche, j’ai vu mon petit homme pouponner tellement bien : c’était trop beau ! Les nounous avaient sorti (comme chaque soir) un thème de leur banque de jouets : c’était les poupées, avec mini poussettes, mini vêtements, mini biberons et… mini pots de chambre… C’était si adorable de voir ces petits garçons avec des baigneurs dans les bras (ou sous le bras pour Théo) : j’ai eu envie de l’équiper à la maison aussi.
Mais moi, pour ce genre de choses, je délègue !! Je n’ai vraiment pas le temps, ni la patience, ni l’énergie ni quoi que ce soit d’autre pour courir les magasins (bien m’en a pris vu votre article !). Il faut dire aussi que je suis magasinophobe ! (je viens d’inventer le terme)
A l’occasion d’un anniversaire, c’est donc une amie qui s’est chargée de la mission. Je ne sais pas si cela a été aussi difficile que pour vous, mais Théo possède depuis un baigneur et une poussette rayée bleu et blanc. Il possède une perceuse aussi 😉
Si il a une perceuse, tout va bien 🙂
Comme le montre le commentaire de Stef, nos enfants trouvent normal de tout faire jusqu’à un certain âge et la galère est surtout pour les filles chez qui le rose est omniprésent. Mais avec l’école, nous ne sommes plus les seuls à éduquer nos enfants et je désamorce souvent les “trucs de filles” et “trucs de garçons” entre autres réflexions sexiste du genre “tu cours vite pour une fille”. Cette phase pré-scolaire sert aussi à NOUS ré-éduquer.