Démangeaison > Sexisme > Et si le marketing devenait le meilleur ami de l’homme ?
27 juin 2014

Tout ça, c’est la faute de Blédina.
Parce que Blédina est du côté des mamans (c’est écrit sur leur site) et, depuis peu, mollement de celui des papas.

C’est Till the Cat, son humour ravageur et ses infographies improbables qui a mis le problème sous nos nez de blogueurs agités du bocal qui croyons à l’égalité entre les sexes, y compris dans l’exercice des responsabilités parentales. Son billet est à lire ici.
Après avoir copieusement argumenté, exemples à l’appui, sur la mollesse de l’engagement de Blédina en faveur des pères qui pourraient éventuellement – mais si maman est d’accord – nourrir leur progéniture, il rappelle à la marque l’existence du mot “parent”, fort pratique pour globaliser la sphère parentale sans même s’attirer les foudres de qui que ce soit.

Il n’en fallait pas moins pour que Mauvais Père, qui comme son nom l’indique assume pleinement l’œil inquisiteur des mamies revêches à la caisse du supermarché, ne saisisse le Cat par l’oreille pour y faire entrer une autre façon de voir : celle du fabricant de Blédine, et de son marketeux un poil paresseux. Son article est à lire ici.
Mauvais père pose la question de la responsabilité des marques dans les changements sociétaux – ici, le sexisme – selon le principe que ce ne sont pas les marques qui changent les mentalités, mais les mentalités qui changent les marques. C’est donc à la société de faire le travail.

Capture d'écran du site Blédina réalisée par Till The Cat
Capture d’écran du site Blédina réalisée par Till The Cat

Le problème est qu’ils ont tous deux raison. Plus ou moins; bien sûr, selon votre bord politique, votre intérêt pour la question, la mollesse de votre fatalisme et celle de votre pragmatisme.

Les marques proposent en effet des produits qui répondent à des besoins et le marketing, par son rôle d’analyse des comportements, adapte le produit pour le faire correspondre à la cible, et le message pour attirer la cible vers le produit. Elle n’a pas de rôle sociétal en cela qu’elle répond à ce que la société demande, et parfois l’anticipe. C’est tellement vrai que l’on utilise souvent la publicité pour illustrer les mœurs d’une époque. “Moulinex libère la femme”, “Un p’tit dernier pour la route”… Tout ça.

Un petit dernier pour la routeNéanmoins, la publicité a une responsabilité dans l’ancrage des stéréotypes sociaux, d’abord parce que c’est à ça qu’elle sert : à ancrer un message. Le fait que la publicité soit pour un aspirateur aide à l’ancrage que c’est une femme qui le passe parce qu’elle le fait dans 95% (1) des publicités pour aspirateurs.

La télévision, les affichages, sont des sources de stimulation intellectuelle qui se voient particulièrement sur mon Ti-cul à qui j’ai toutes les peines du monde à faire intégrer que la publicité, c’est l’imaginaire et l’exagération.
La société a d’ailleurs tout à fait conscience de ce fait, comme le montrent le cas de la publicité sur le tabac (interdite), l’alcool et la nourriture (message informatif destiné à alerter la vigilance) qui ont été considérés comme potentiellement préjudiciables aux comportements des consommateurs, toutes marques confondues (2).
Pour rester dans le sujet, je n’aborderai pas les cas – extrêmes – où les marques sont directement actrices de l’évolution des valeurs. (Que serait la notion d’intimité sans Facebook et Google ?)

Si Mauvais Père note très justement qu’on n’a pas besoin des marques pour faire bouger les mentalités, elles ont néanmoins une responsabilité importante dans la création, modification ou préservation des stéréotypes.
Certes, “les gens s’en foutent”, mais ce n’est pas pour autant que le message ne passe pas. C’est d’ailleurs à ça que ça sert, un plan marketing, non ?
Allez, Blédina, encore un effort. Si j’en juge par les commentaires, du côté de chez Till, tu pourrais même gagner des client(e)s


(1) Chiffre fictif pour illustrer. Je n’ai pas vérifié.
(2) C’est sans compter les publicités interdites par décision de justice, mais j’ai la flemme de faire une recherche.

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