Démangeaison > PS : Je vous emmerde
10 janvier 2015

Une du New Yorker du 19/01/2015
Une du New Yorker du 19/01/2015
Sortir

Sortir de la gueule de bois des fêtes et des morts qui s’accumulent comme si 2015 soldait les comptes des années précédentes, vidant lits d’hôpitaux et rédactions.
Sortir son stylo. Non, je ne dessine pas. Ce n’est pas au crayon que je m’exprime, mais à la plume. Sortir de soi-même et écrire parce que c’est la guerre et que la plume est une arme d’instruction massive.

Ecrire

Ecrire pour être. Ecrire pour panser mais surtout pour penser. Parce que sans pensée, il n’y aurait pas de liberté. Ecrire pour développer et empêcher la nécrose de ce premier et parfois dernier refuge de l’indépendance. Puis partager parce que publier c’est faire usage cette liberté. C’est aussi faire penser et faire penser c’est rendre libre.

Publier

Publier pour dire. Publier aujourd’hui pour dire merde. Pour dire que oui, nous avons peur, mais que nous avons peur de ne plus être libre. De ne plus avoir le droit de dire nos pensées. Nous opposons aux fanatismes obscurantiste et à la violence, notre fanatisme libertaire et nos stylos. Crayons. Pinceaux. Instruments de musique. Danses. Bref, les armes de nos pensées. Pensées de liberté que nous avions un peu oubliées à force d’y être habitués et que nous devons réapprendre, un peu en urgence.

Apprendre

Je ne m’abonnerai pas à Charlie Hebdo. Je n’aime pas Charlie Hebdo. Mais j’aime leur impertinence, leur liberté de ton, leur conviction que la liberté d’expression ne se négocie pas, mais s’encadre, que la liberté ne s’use que si on ne s’en sert pas, que dessiner dans Charlie Hebdo n’était pas incompatible avec Récré A2 ou le Figaro parce qu’être sectaire, c’est déjà aliéner sa liberté.
C’est pour cela que je suis Charlie, moi aussi. Ou plutôt, que comme des milliers de gens de par le monde, j’aimerais bien être un petit peu Charlie. Mais pas trop.

Transmettre

Je suis CharlieCharlie Hebdo sera dans les livres d’histoires comme un bataillon qui aura abreuvé nos sillons de leur sang bien pur pour l’amour sacré de la liberté. Cavada doit être bien emmerdé. J’espère qu’il les a engueulé. Je l’imagine boire un coup avec Brassens. « Putain, ils ont rien compris. « De mort lente », c’était pourtant clair, non ? »
Il sera une icône de la France, pays dont la terre a bu bien des sang au nom de cette liberté dont nous jouissons aujourd’hui, cette liberté qui a permis que Charlie existe, cette liberté au nom de laquelle, mon fils, tu feras tes devoirs. Parce que, même si tu l’ignores parce que tu n’as certainement pas tout compris à notre conversation, apprendre, c’est apprendre à penser. C’est apprendre à être libre.

#JeSuisCharlie

PS: Je vous emmerde, terroristes à deux balles.

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