C’est fini. Il, ou elle est parti. Sans se retourner, parfois en se retournant, mais notre amour est parti et cette fois, ne reviendra pas. Que l’on soit quitté ou que l’on quitte, il faudra faire le deuil de cette histoire, boire ou pleurer un coup, parfois les deux, et passer doucement à autre chose avec d’autant plus d’urgence que l’ex ne disparaît pas toujours. Il reste dans le bureau d’à-côté, dans la rue, ou en photo à la tête du lit de l’enfant qu’il voit un week-end sur deux et la moitié des vacances scolaires.
Parfois, il n’y a pas d’urgence à aller de l’avant. Il y a même besoin de faire vivre la mémoire de celui, de celle qui est parti trop vite, trop tôt et trop définitivement. Faire vivre la mémoire parce que l’enfant a besoin de ses deux parents et que faire vivre, c’est donner de la présence à l’absent. Faire vivre parce qu’on n’a rien à reprocher à l’autre. Faire vivre et vivre parce que la solitude a besoin de ses cocons d’amour. Faire vivre, parce que l’enfant aime qu’on lui rappelle que son papa ou sa maman l’aime de là-haut.
Le disparu ne disparaît jamais vraiment. C’est peut être le plus résilient des ex parce qu’on ne peut pas passer à autre chose quand la rupture n’a pas eu lieu. On ne peut pas oublier lorsqu’il se rappelle à notre souvenir à longueur de questionnaires. Case à cocher : Veuf(ve).
Veuf. Que notre amour ait choisi son départ, que l’on soit assez croyant pour penser que l’initiative vient de Dieu, ou que ce soit la faute de la vie, il y a des jours ou l’on aimerait, parfois, avoir été quitté, trompé, déçu. Peut être serai-ce plus facile que de sentir que rien n’est vraiment tout à fait fini, que l’on marche main dans la main avec le fantôme de notre amour, qui veille sur nous comme nous veillons sur sa mémoire.
Veuf. Quand le cœur ne sait aimer qu’une personne à la fois, comment passer à “autre chose”, comment “refaire notre vie” comme disent ceux qui nous veulent du bien, mais ne comprennent pas que notre vie n’est pas défaite – juste ralentie – et notre amour toujours là, en paroles, en photos, en souvenirs, en traits sur un visage d’enfant et en valeurs à lui transmettre ?
Mais la vie et l’envie sont fortes. Alors, elles viendront malgré tout, ces amazones qui doivent nous rénover le coeur, et elles auront tous les défauts. Il y aura celle qui ne veut pas être mère, celle qui le veut trop, celle qui sent mauvais et celle au parfum trop fort, celle qui rappelle quelqu’un, celle qui ne ressemble à personne, celle qui en veut trop, celle qui n’en veut pas assez. Aucune ne comblera le vide qui n’est pas à combler.
Pourtant, l’herbe repousse dans les jardins dont on s’occupe. Une herbe tendre, fragile, qui, grandissant, estompe le vide qui devient Histoire. Elle ne recouvrira pas le jardin en un jour, mais elle le recouvrira.
Alors un jour, Elle sera restée. Elle sera restée même si elle a plus de défauts que les autres. Elle sera restée, comme si sa place avait toujours été là, du côté où l’on ne regardait pas. Un peu comme si on ne l’avait pas vu venir.
Elle sera restée, et son regard sera tourné vers l’avenir que l’on contemple soi-même(1), non parce que le vide aura été comblé, mais parce que, comme si notre vertige avait été soigné, on aura arrêté de craindre d’y tomber.
(1) Aimer, ce n’est pas se regarder l’un l’autre ; c’est regarder ensemble dans la même direction. (Alain)
Le texte qui fait que l’instant présent devient silencieux. Le bureau n’est plus qu’une pièce où les sons se perdent et n’atteignent plus mes oreilles.
L’émotion reste au fond et l’admiration est grande.
Comment as tu pu écrire ses mots si touchants et beaux ?
Le talent… c’est magnifique.
Bref bravo et bonne route avec ELLE.
J’aimerai toujours écrire des textes qui inspirent de si beaux commentaires. Merci
C’est un très beau texte, très fort et émouvant.
Je reviens, je dois d’abord m’en remettre.
Bises !
J’espère que ça va mieux.
Cédric,
Je suis toujours par là, quelque part derrière un arbre, admirative de tes aptitudes à rester en vie !
Chacun de tes mots me touchent, me fait me sentir moins seule, moi qui ai tellement besoin de me sentir comprise. Bravo à tous les deux, trois, quatre, cinq (le chat si j’ai bien suivi)… d’avoir su vous accueillir mutuellement et prendre le temps de vous faire une place les uns aux côtés des autres…
Je vous souhaite beaucoup de bonheur(s) !
Avec toute la tendresse dans laquelle m’emporte l’empathie (ou la projection, milexcuses) …
Constance
Ce texte que je rêvais d’être capable d’écrire un jour en entier me vaut décidément de biens beaux commentaires.
Le temps fait les choses. Il suffit finalement de s’occuper de son jardin à son rythme pour que l’herbe finisse par y pousser.
Merci, en tout cas. Bon jardinage.
PS: ça fait cinq, dont chacun un chat 🙂
C’est très beau, j’ai pleuré ! Je me suis souvenue de tous les moments, piooo la route est longue et sinueuse, mais cailloux après cailloux, on y arrive tu vois, on y arrive, Soyez heureux c’est tout ce qui compte 😉
Merci. Tu vois, quand on marche, on finit toujours par arriver à destination.