Je commence cet article à chaud, au sens propre, car je reviens tout juste du cinéma avec un deux roues à propulsion humaine unijambiste, c’est à dire une trottinette, avec laquelle j’ai dangereusement slalomé entre les poubelles pour commencer cet article au plus vite. Je ne vais pas souvent au cinéma, mais ce soir, je n’avais pas d’enfant, ce qui est également très rare. Autant dire que dans ces conditions, une soirée pourrie (par un passage chez le dentiste ou par un mauvais film) est doublement pourrie.
Heureusement, je viens de passer un très bon moment.
Ce mercredi est sorti un succès annoncé qui a déjà cartonné au box-office américain ; Gravity, le film spatial d’Alfonson Cuarón, réalisateur dont j’ai bien failli parler sur ce blog ayant été très favorablement impressionné par Les fils de l’homme (dont les bonus DVD sont en or massif pour les cinéphiles).
Immédiatement intronisé au Panthéon ou trône 2001, l’odyssée de l’espace, encensé par James Cameron, ré-inventeur de la 3D et jugé “très réaliste” par Buzz Aldrin, le film génère beaucoup d’attentes et je commencerai par dire qu’elles ont presque toutes été déçues et que c’est un compliment.
Cuarón ne cherche pas à réaliser une épopée, ni à montrer ce que l’on peut faire avec la 3D. Il cherche à réaliser un film qui se passe dans l’espace et où des personnes déjà peu ordinaires travaillant dans une situation encore moins ordinaire, vont devoir sauver leur vie dans le milieu le plus hostile que l’être humain ait connu. Un monde sans air, sans pression, sans son, sans gravité et où seuls les humains portent l’espoir.
Cuarón ne cherche pas non plus à raconter une histoire ; il la montre simplement, laissant les personnages se dévoiler, progressivement, tardivement, sans discours, sans grandes tirades. L’image, ses magnifiques plan-séquences et le son sont les vrais narrateurs de l’histoire. On comprend que ce film ait fait l’objet d’un traitement sonore Atmos pour mieux rendre sa sonorité particulière. Dès le début, la respiration de Ryan Stone la raconte mieux que n’importe quel discours, tout comme la nonchalance de Matt Kowalsky et ses anecdotes. Quand à la voix de Houston, c’est son silence qui en fera un personnage.
L’affiche du film mentionne en fait trois acteurs. Georges Clooney (Kowalsky), astronaute chevronné réalisant sa dernière sortie dans l’espace, Sandra Bullock (Stone), médecin associée à cette mission sur le télescope Hubble et… La gravité zéro. Cette dernière est tour à tour amie, ennemie, espoir, compagne de jeu. Elle fait flotter outils, boulons, stylos, casques, flammes, larmes… Et révèle les humains qui jouent avec elle. La 3D et quelques prouesses techniques la rendent incroyablement présente.
Les deux autres acteurs sont de grands acteurs, ce que l’on aurait volontiers oublié tant la filmographie de Sandra Bullock s’offre des errements étonnants et parfois gênants. C’est pourtant elle qui porte le film, elle chez qui vont passer toutes les émotions qui la transformeront et toutes les décisions qui font l’action, avec une implication et une magnifique force dans le jeu. Georges, lui, joue son rôle de mentor sans avoir l’air de se forcer avec une nonchalance qui lui sied parfaitement.
Autour d’eux, le vide spatial permet des effets visuels surprenants et Alfonso Cuarón ne s’en prive pas, exploitant parfois jusqu’à l’excès les ressorts du suspense des situations de crise où tout s’accélère, puis s’arrête. Puis s’accélère. L’absence de gravité permet un rythme haché, passant immédiatement de la vitesse à la lenteur, du bruit au silence, de l’asphyxie au cocon maternel de l’air respirable. Difficile alors de ne pas s’égarer dans les extrêmes et on a donc droit à quelques excès dramatiques comme à des lenteurs qui n’arrivent pourtant pas à gâcher le plaisir visuel et sonore, tantôt agoraphobique, tantôt claustrophobique.
Gravity est un voyage, le voyage de Ryan Stone, la femme qui voulait être seule, loin de la terre maternelle et nourricière qui peuple l’arrière-plan. Et pour ceux qui se fichent du voyage intérieur, c’est une odyssée qui casse les codes du genre comme sait le faire Alfonso Cuarón avec son réalisme forcené, ses plan-séquences de malade, et son envie de raconter des voyages mouvementés.
Repères
Gravity
Film américain de Alfonso Cuarón (2013)
Avec Sandra Bullock, George Clooney, Ed Harris (voix)
Vu en 3D et en VOSTF
Fiche Allo Ciné
J’ai vu la bande annonce il y a 3 semaines en allant voir Rush avec mon mari ( excellent film à ne pas louper si tu ne l’as pas encore vu) et ça me donne bien envie d’aller voir ce soir!
Merci pour le commentaire/conseil : Je n’ai pas encore vu Rush, mais je note le conseil si je ne fais pas comme d’habitude : attendre qu’il ne soit plus en salle 🙂 J’espère que tu as pu aller voir Gravity sans être déçue : c’est toujours compliqué quand on a trop d’attentes…
Eh non je n’ai pas pu aller le voir malheureusement car mon planning de wonder woman ne me l’as permis! J’ai privilegié le sport au ciné ce week end 🙂 Mais j’irai sûr cette semaine sinon je vais finir par faire comme toi (attendre qu’il ne soit plus en salle) hehe. Je te raconterai