Grâce une conjugaison de bonnes volontés (celle de ma boite, qui a décidé que je faisais le pont, et de l’académie de Versailles, qui a décidé que Ti-cul ne le faisait pas), j’ai pu aller au cinéma ce 15 mai à une heure ou les gens n’y vont pas. J’ai hésité entre le dernier Marvel, promesse de bonne humeur et de baston générée par ordinateur, et le nouveau Mad Max, tellement hyper prometteur que ni Le Monde, ni Le Figaro n’ont réussi à en écrire une mauvaise critique.
Problème : j’ai vu Mad Max. Je parle du premier. Celui de 1979 avec cet acteur inconnu appelé Mel Gibson. Enfin j’ai tenté de le voir il y a longtemps. Tellement longtemps que je je ne sais plus très bien à quel moment du film j’ai trouvé mieux à faire.
Convaincu par les bandes annonces et par les horaires des séances qui accommodaient mon emploi du temps, je suis allé voir Mad Max Fury Road. En 3D, mais ce n’était pas volontaire et pour tout dire, parfaitement inutile.
Le film dure deux heures. Deux heures d’adrénaline, d’images magnifiques, de véhicules et d’univers conçus par l’imagination perverse d’un George Miller qui n’a pas l’air calmé depuis les années 80.
Prenons l’histoire. Simple : Dans un monde post-apocalyptique dont on ne sait à peu près rien à part quelques références éparses, un homme (Max) se retrouve malgré lui dans une course poursuite au milieu du désert. Voilà. C’est tellement simple qu’on pourrait faire des papillotes du film rien que pour cela. Mais cet objet cinématographique inidentifiable ne prétend pas à plus. Il prétend juste tirer la quintessence de son sujet. Alors pas de dialogues, pas de philosophie à deux centimes, mais quelques échanges de mots, des éructations, des cris et des incantations pour donner corps au défi de faire rouler un camion pendant deux heures sans lasser le spectateur.
Tom Hardy n’éructe pas vraiment. Il ne parle pas vraiment non plus. Il campe un Max aussi mutique que possible, qui a perdu les pédales depuis longtemps et se raccroche à l’idée que ce sont sans doute les autres qui sont fous. Et on ne peut pas dire que les évènement lui donnent vraiment tort.
Le spectateur se laisse entraîner dans cette folie, cet univers anormal et amoral ou perce parfois l’absurde à force de ne pas être si invraisemblable. On est absorbés par ce petit bout de terre habité par des personnages allumés par l’idée de leur propre mort dirigés par une sorte de maître de guerre et messie improbable et vénéneux, lui même obsédé par l’immortalité et donc sa descendance.
La descendance en question est portée par une tripotée de trop belles épouses, mannequins ascendant badass emportées vers un ailleurs plus doux et plus féminin par Furiosa (Charlize Theron), manchote dont chaque bras en vaut deux et dont les yeux donnent le ton de la part mélodramatique de cette furie. Le film aurait pu s’appeler Mad Max and Mad Furiosa. Mad, ça veut dire « dingue ». En fait « All Mad », serait allé aussi.
Au bout de deux heures, l’on sort rincés, un peu calmés du côté de l’accélérateur. Ou alors ne se rend-on plus compte de notre vitesse.
On se prend à se demander pourquoi on y a cru. Comment l’on s’est laissé embarquer dans cette furie punk et dévastatrice. C’est peut être parce que son invraisemblance est trop vraisemblable. Parce que l’humain est son propre pire prédateur. Parce que demain, nos enfants seront peut être eux aussi en recherche de rédemption pour les fautes que nous aurons commises. Peut-être parce que la violence est omniprésente mais simplement suggérée. Peut-être parce que Max est un héros fragile et matraqué par la vie qui n’interagit que pour survivre. Peut être parce que l’espoir est une denrée fragile.
Mais peut-être est-ce surtout que la relecture du mythe s’imposait parce que le monde qui se serait écroulé en 1979 n’est pas celui qui se serait écroulé en 2015. C’est sans doute pourquoi ce film est injustement qualifié de féministe alors qu’il ne fait que décrire, aussi, ce que les femmes d’aujourd’hui deviendraient face à la fin du monde. C’est sans doute pourquoi, malgré une histoire simple, l’univers dans lequel elle se déroule est travaillé, détaillé et horriblement cohérent comme un miroir sur nous-même déformé par la dystopie.
Repères
Mad Max : Fury Road
Film Australo-Américain de George Miller (2015)
Avec Tom Hardy, Charlize Theron, Zoë Kravitz et plein d’autres.
Vu en VOSTRFR et 3D
Fiche Allo Ciné
Il faut que j’aille le voir… Comme il faudrait que je revois les premiers “épisodes” !
Mais je me trompe peut être mais tu as écris Franck Miller, tu voulais parler de Frank Miller dessinateur, scénariste, papa de Sin City ? Car je crois que le réalisateur de Mad Max est George Miller pour les 4 volets, remarques, un Mad Max realisé par Frank Miller ça peut être une bonne idée !!
La bise à toi et à Ticu ! Faudrait qu’on se croise un de ces 4, si tu veux te faire la vallée de Chevreuse en moto, passez nous voir ! Piero sera super content de revoir son pote !
Ciao.
Tu ne te trompes pas ! Quelle horrible lapsus doigtae ! Merci, je vais corriger, mais effectivement, un Mad Max par Franck Miller… ça donne envie.
Pour la vallée de Chevreuse, je n’ai plus de moto (volée), ce qui me rend bcp moins mobile… faut que j’appelle l’assurance, d’ailleurs ; ils ont un peu oublié de me répondre. Je te tiens au jus avant que la barbe ne pousse à nos pioupious.
En tout cas, si tu as envie d’aller au cinéma, tu sais ce que te reste à faire.